Portraits

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  • Publié le 21/06/2021
  • Mis à jour le 26/11/2024
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Dans un article du Parisien du 13 octobre 2019*, les journalistes Ronan Folgoas et Jean Michel Décugis ont raconté leur rencontre avec des agents des services de renseignement de la DGSI et de la DGSE.

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Extraits de 3 portraits d'agents DGSI aux métiers très divers (les prénoms ont été modifiés) :

Léa, 30 ans, analyste en langue chinoise

J'exerce dans le domaine de la contre-ingérence économique. Dans le cadre de la mission de protection du patrimoine scientifique, économique et technique français, mon travail consiste à enquêter sur une personne physique ou morale à partir de sources ouvertes, c'est-à-dire accessibles au public : les articles de presse, les greffes des tribunaux de commerce, les réseaux sociaux.
On peut recueillir des informations sur la vie privée ou professionnelle, des données financières, des connexions entre personnes.

Tout peut avoir de l'intérêt. Sur saisine d'un service de la « Centrale » (ndlr : le siège de la DGSI), nous nous intéressons par exemple aux approches que des entreprises françaises sensibles peuvent connaître de la part de pays étrangers : entrée au capital d’une entreprise, fusion, partenariats etc.
Les mécanismes d’une économie de marché ne sont pas en cause, mais la DGSI s’assure que ces opérations ne recouvrent pas un projet déloyal de captation de technologies ou connaissances qui nuirait aux intérêts français.

J'ai été recrutée par la DGSI en sortie d'école, après une licence de langues étrangères appliquées en chinois puis une formation au CNAM. Ce métier induit quelques contraintes. Je ne suis pas autorisée à voyager en Chine par exemple. Le risque de faire l’objet d’une tentative de « retournement » par les services de renseignement étrangers est trop fort.

Manon, 30 ans, analyste contre-prolifération

Notre service est chargé de détecter les acquisitions de matériel sensible par des puissances étrangères cherchant à se doter d'armes nucléaires, chimiques ou balistiques. Rien n'est évident. Les acquéreurs réels sont masqués et les produits sont à double usage : civil et militaire. La fibre de carbone, utilisée par exemple dans la fabrication des cadres de vélo, sert aussi à fabriquer des centrifugeuses (ndlr : servant à enrichir le combustible nucléaire).
Un jour, nous avons identifié une entreprise produisant de simples sandales mais composées d'une matière utilisée pour des attaques chimiques, comme ce fut le cas en Syrie. Il nous faut donc «cartographier» les entreprises concernées, les informer et nouer des relations solides avec leurs dirigeants afin qu'ils nous fassent remonter des informations en cas de doute sur une commande suspecte.

Chaque année plus de 1400 entreprises françaises sont sensibilisées par la DGSI. Nous devons aussi de manière plus clandestine recruter des sources humaines. Parfois, nos sources savent qui nous sommes, parfois non.

Dans mon entourage, seules trois personnes connaissent la nature de mon travail. Aux autres, je dis simplement que je travaille Place Beauvau, au Ministère de l'Intérieur. Ce n'est pas une frustration. Je ne ressens pas le besoin d'être mise en lumière et récompensée. Je ne m’identifie pas non plus au fantasme de l’espionne, avec un imper et un chapeau…J’aime juste profondément mon travail.

Julien, 34 ans, ingénieur expert en cyberdéfense

Dès qu'il y a suspicion ou preuve d'attaque informatique d’ampleur sur le territoire national, nous lançons une enquête.
Nos objectifs sont triples : identifier le point d'entrée de la cible, les protocoles de collecte des informations et le rapatriement des renseignements collectés. L'attaque peut être menée à distance, comme c'est souvent le cas, ou par le biais d'agents humains présents sur le territoire. Ceci dans le cadre d'une tentative d'espionnage industriel, technologique ou financier menée par un Etat.

Les cibles sont très diverses : les ambassades, les consulats, les grandes entreprises et même des personnes physiques qui intéressent des services étrangers pour leur proximité relationnelle avec des sources intéressantes. Je pense par exemple à des personnels d’ONG ou des journalistes. Le but de nos opérations consiste à remonter l'infrastructure d'une attaque et identifier les cibles qui ont pu être atteintes. Mais nous faisons face à des adversaires très motivés.

Pour réussir, il faut être passionné, créatif et imaginatif. Je ne sais pas si les attaques sont plus nombreuses ces dernières années. En revanche, le niveau de sophistication s'est considérablement élevé. Le côté négatif du métier ? Ne pas pouvoir partager le poids des échecs ou la joie des succès avec ses proches.

Les femmes de l'ombre

Découvrez deux femmes de l'ombre : Delphine*, manager de chefs de projets et d'architectes techniques et Emilie* qui assure des surveillances et des filatures. Une parole rare !

Autres portraits

* L'identité des agents de la DGSI étant protégée, les prénoms ont été modifiés

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